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- | Pas si facile à distinguer la mémoire de l'imagination | + | <wrap em>Pas si facile à distinguer la mémoire de l'imagination</wrap> |
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- | Ce passage obligé par le récit, donc par la fabulation, pour la mémoire et celui qui en est, permet bien sûr de rapporter des événements auxquels il a assisté, mais permet aussi d'inventer, d'imaginer. C'est pourquoi, pour Janet ( 1928, p. 298), l'imagination naît de la mémoire et en est une partie. Ainsi, comme le remarque James ( 1915, p. 266-267), " nous racontons plutôt ce que nous voudrions avoir dit ou fait que ce que nous avons réellement dit ou fait; peut-être, lors d'un premier récit, pouvons-nous distinguer la réalité de la fiction ; mais bientôt celle-ci élimine celle-là où elle règne seule désormais ". | + | Ce passage obligé par le récit, donc par la fabulation, pour la mémoire et celui qui en est, permet bien sûr de rapporter des événements auxquels il a assisté, mais permet aussi d'inventer, d'imaginer. C'est pourquoi, pour Janet ( 1928, p. 298), <wrap hi>l'imagination naît de la mémoire et en est une partie</wrap>. Ainsi, comme le remarque James ( 1915, p. 266-267), "nous racontons plutôt ce que nous voudrions avoir dit ou fait que ce que nous avons réellement dit ou fait; peut-être, lors d'un premier récit, pouvons-nous distinguer la réalité de la fiction ; mais bientôt celle-ci élimine celle-là où elle règne seule désormais". |
- | De plus par la fabulation, il y a de toute façon une transformation de l'événement et ceci constitue donc toujours un défaut de réalité, un défaut de vérité de la mémoire (Janet, 1928, p. 289) | + | De plus par la <wrap em>fabulation</wrap>, il y a de toute façon une transformation de l'événement et ceci constitue donc toujours un <wrap hi>défaut de réalité, un défaut de vérité de la mémoire</wrap> (Janet, 1928, p. 289) |
Ainsi, lors de cette troisième période de l'évolution de la mémoire, imagination et mémoire sont confondues à cause même du mécanisme (la narration) qui permet à la mémoire d'atteindre son but : faire éprouver à un autrui n'ayant pas assisté à un événement ce que le narrateur a éprouvé en assistant à cet événement. | Ainsi, lors de cette troisième période de l'évolution de la mémoire, imagination et mémoire sont confondues à cause même du mécanisme (la narration) qui permet à la mémoire d'atteindre son but : faire éprouver à un autrui n'ayant pas assisté à un événement ce que le narrateur a éprouvé en assistant à cet événement. | ||
- | Ce fabuleux développement de la mémoire grâce à la fabulation qui donne au récit une organisation intelligente (Janet, 1936, p. 222) est cependant incomplet, et " pour que la mémoire devienne pratique, il faut qu'elle sorte de cette inconsistance vague dans laquelle la fabulation l'a laissée " (Janet, 1928, p. 299). Si la mémoire était dominée par la seule fabulation, elle serait devenue inutile. Pour devenir consistante et utile, la mémoire a dû faire un nouveau progrès grâce à la création du présent qui rattache la mémoire et la réunit à l'action (Janet, 1926, p. 244-253 ; Janet, 1928, p. 293 ; 310-312 ; Janet, 1929, p. 289). | + | Ce fabuleux développement de la mémoire grâce à la fabulation qui donne au récit une organisation intelligente (Janet, 1936, p. 222) est cependant incomplet, et "pour que la mémoire devienne pratique, il faut qu'elle sorte de cette <wrap em>inconsistance vague</wrap> dans laquelle la fabulation l'a laissée" (Janet, 1928, p. 299). Si la mémoire était dominée par la seule fabulation, elle serait devenue inutile. Pour devenir consistante et utile, la mémoire a dû faire un nouveau progrès grâce à la <wrap hi>création du présent qui rattache la mémoire et la réunit à l'action</wrap> (Janet, 1926, p. 244-253 ; Janet, 1928, p. 293 ; 310-312 ; Janet, 1929, p. 289). |
" Le présent est le moyen de rattacher le récit à l'action des membres et pour cela il faut qu'il transforme cette action elle-même en un récit. [...] le présent est caractérisé par un récit de mon action fait en même temps que l'action " (Janet, 1936, p. 229). | " Le présent est le moyen de rattacher le récit à l'action des membres et pour cela il faut qu'il transforme cette action elle-même en un récit. [...] le présent est caractérisé par un récit de mon action fait en même temps que l'action " (Janet, 1936, p. 229). | ||
Source: Stéphane Laurens et Topshiaki Kozakaï, Pierre Janet et la mémoire sociale, revue Connexions, 2003/2 (No80) https://www.cairn.info/revue-connexions-2003-2-page-59.htm | Source: Stéphane Laurens et Topshiaki Kozakaï, Pierre Janet et la mémoire sociale, revue Connexions, 2003/2 (No80) https://www.cairn.info/revue-connexions-2003-2-page-59.htm | ||
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